Collages...
En s'appropriant des images médiatiques ou artistiques, Catherine Jauffret redessine une mythologie du quotidien qui peut flirter avec le burlesque ou le surréalisme, s'avérer décalée, mais reste habile à déjouer une interprétation trop rapide.
Le processus créatif, isolant des fragments que l'artiste détourne, juxtapose ou superpose, mêle les références savantes et populaires, religieuses et profanes, l'humour et l'absurde. Les rapprochements opérés à première vue de façon désinvolte suffisent pourtant à construire une lecture douce-amère ; on pressent que le plaisir esthétique peut être contrarié par la désillusion du sens, et se payer au prix d'un certain chaos que reflètent les textes.
Car chaque lieu évoqué, abandonné ou déserté, devient un espace poétique où les solitudes se heurtent à une réalité que l'on devine, un espace pictural où naît une œuvre forte et singulière. Catherine Jauffret nous invite ainsi à déambuler dans son univers, en déplaçant la frontière entre fiction et réalité. Les atmosphères mystérieuses, insondables ou confinées, semblent vaciller entre une perception romantique du monde et une charge sombre - qui n'est pas sans évoquer Hopper ou Lynch ... S'instaure une relation particulière avec le regard, comme une image peut s'inscrire, vibrer, s'affirmer simultanément comme une vérité et comme une illusion, se laisser cerner tout en s'échappant...
Topographie de l'âme, l'œuvre de Catherine Jauffret crée des seuils entre divers niveaux de perception. Elle dévoile des situations d'errances, de rencontres, d'affrontements, de solitude... comme autant de fragments d'une histoire collective.